Practical Idealism R N Coudenhove Kalergi (English Ver 1 2) (1925).pdf

Pages 1-183 (partie 1)

Idéalisme Pratique de Coudenhove-Kalergi

---

**chapter:** "1"

**title:** "L'Idéalisme Pratique comme Fondement"

**quote:** "L'idéalisme pratique est héroïsme ; le matérialisme pratique est eudémonisme."

**details:**

Coudenhove-Kalergi établit une distinction fondamentale entre l'idéalisme pratique, qu'il associe à l'héroïsme et à la croyance en des valeurs supérieures au plaisir et à la douleur, et le matérialisme pratique, centré sur la recherche du bonheur et l'évitement de la souffrance. Cette opposition, plus profonde que celle entre théisme et athéisme, traverse toute l'histoire humaine. L'idéalisme, bien que souvent problématique, est présenté comme la source des plus grandes œuvres et actions de l'humanité, tandis que le matérialisme est décrit comme stérile et sans imagination. Cette vision sert de cadre philosophique à toute son œuvre.

L'auteur lie cet idéalisme à une nouvelle aristocratie de l'esprit, qui doit remplacer les pseudo-aristocraties déchues de la naissance et de l'argent. La démocratie, selon lui, n'a de sens que si elle vise à établir cette aristocratie spirituelle, en donnant le pouvoir aux esprits nobles et le plaisir aux matérialistes. Il voit en Platon le prophète de cette aristocratie spirituelle et de l'économie socialiste, qu'il considère comme des manifestations de l'idéalisme pratique. L'idéalisme héroïque du Nord s'est exprimé dans la technologie, un combat pour dominer la nature, tandis que l'idéalisme ascétique du Sud s'est manifesté dans la religion.

---

---

**chapter:** "2"

**title:** "L'Antagonisme entre l'Homme Rural et l'Homme Urbain"

**quote:** "Entre campagne et campagne, entre ville et ville, il y a de l'espace — entre ville et campagne, il y a du temps."

**details:**

Coudenhove-Kalergi oppose radicalement l'homme rural, produit de la nature, et l'homme urbain, produit de la société. Le rural est décrit comme concret, organique, émotionnel, superstitieux et conservateur, vivant en symbiose avec le monde naturel. L'urbain, en revanche, est abstrait, mécanique, rationnel, sceptique et progressiste, vivant en symbiose avec la machine. Des siècles, voire des millénaires, les séparent psychologiquement. La ville puise sa force dans la campagne, qui est éternelle, tandis que la campagne puise sa culture dans la ville.

Cette opposition psychologique fondamentale se cache derrière de nombreux conflits sociaux et politiques modernes, tels que l'internationale rouge et verte, l'industrialisme et l'agrarisme, ou encore l'antisémitisme. La morale sociale et chrétienne est un phénomène urbain, souvent associé à un scepticisme irréligieux, donnant naissance au socialisme, la religion de la métropole moderne. Les ruraux, quant à eux, résistent à cette moralité et conservent une religion païenne de la croyance en la nature, la force et le destin.

---

---

**chapter:** "3"

**title:** "La Noblesse Héréditaire face à la Noblesse de l'Esprit"

**quote:** "La fleur de l'homme rural est la noblesse terrienne, le noble. La fleur de l'homme urbain est l'intellectuel, l'homme de lettres."

**details:**

L'auteur développe la dichotomie entre la noblesse de la volonté (le noble, l'officier) et la noblesse de l'intellect (l'homme de lettres, le journaliste). Le noble typique combine un caractère maximum avec un intellect minimum ; il est énergique, conservateur, mais étroit d'esprit et méfiant envers la modernité. L'homme de lettres typique combine un intellect maximum avec un caractère minimum ; il est progressiste, sceptique et versatile. Cette incompréhension mutuelle a, selon lui, conduit l'Allemagne à perdre la guerre puis la révolution.

Cependant, les manifestations suprêmes de ces deux noblesses – le grand seigneur et le génie – se rejoignent. Des figures comme César et Goethe incarnent une synthèse de la volonté et de l'intellect. En l'absence de telles personnalités synthétiques, les aristocrates de la volonté et de l'esprit devraient se compléter plutôt que de se combattre, comme le firent autrefois les prêtres et les rois dans les anciennes civilisations.

---

---

**chapter:** "4"

**title:** "Endogamie et Métissage : La Formation du Type Humain Futur"

**quote:** "L'homme d'un lointain avenir sera un hybride. Les races et castes d'aujourd'hui tomberont victimes de la défaite grandissante de l'espace, du temps et du préjugé."

**details:**

Coudenhove-Kalergi analyse les conséquences psychologiques de l'endogamie (pratique rurale et noble) et du métissage (pratique urbaine). L'endogamie renforce le caractère (loyauté, énergie, persévérance) mais affaiblit l'esprit (étroitesse d'esprit, préjugés). Le métissage affaiblit le caractère (manque de stabilité, déloyauté) mais renforce l'esprit (objectivité, agilité mentale, absence de préjugés). L'idéal est une rencontre favorable des deux, produisant un être au caractère fort et à l'esprit aiguisé.

Il prophétise l'émergence future d'une "race eurasienne-négroïde", semblable aux anciens Égyptiens, qui remplacera la diversité des peuples par une diversité d'individus. Le Russe, en tant qu'hybride slave-tatar-finnois, est présenté comme le précurseur de cet "homme planétaire" à l'âme large et riche, tandis que l'insulaire Britannique, homme d'une seule âme au caractère fort et typique, en est l'antipode.

---

---

**chapter:** "5"

**title:** "La Lutte des Mentalités : Paganisme et Christianisme"

**quote:** "Le paganisme place la vigueur au premier plan de l'échelle des valeurs éthiques, le christianisme place l'amour."

**details:**

L'auteur distingue deux types d'âme en lutte pour la domination mondiale : la mentalité païenne (vigueur, courage, héroïsme conquérant) et la mentalité chrétienne (amour, douceur, humilité, saint). Le paganisme est lié aux régions peu peuplées du Nord et à la jeunesse culturelle, tandis que le christianisme est lié aux régions densément peuplées du Sud et à la vieillesse culturelle. Des figures comme Nietzsche et Tolstoï en sont les hérauts modernes.

Coudenhove-Kalergi affirme que l'éthique européenne est profondément enracinée dans le judaïsme. Le christianisme et le socialisme sont présentés comme des tentatives successives et d'origine juive pour construire un royaume de Dieu sur terre. Les leaders juifs du socialisme sont les prophètes modernes qui cherchent à expier le péché originel du capitalisme et à transformer le monde en paradis terrestre, perpétuant ainsi la tradition éthique mosaïque.

---

---

**chapter:** "6"

**title:** "La Crise de la Noblesse et l'Avènement de la Ploutocratie"

**quote:** "Notre ère démocratique est un misérable intermède entre deux grandes époques aristocratiques : l'aristocratie féodale de l'épée et l'aristocratie sociale de l'esprit."

**details:**

L'auteur décrit le déclin de la noblesse héréditaire, corrompue par la vie de cour et l'oisiveté, et de la noblesse spirituelle, corrompue par le capitalisme et le journalisme. L'urbanisation, l'endogame excessive et la perte du sens des responsabilités ("Noblesse oblige") ont conduit à leur dégénérescence. La démocratie est née de l'embarras de ne pas trouver de véritable noblesse à suivre.

Le vide laissé par ces aristocraties défaillantes a été comblé par la ploutocratie, qui est la façade de la démocratie moderne. Bien que les grands capitalistes fassent preuve de qualités (énergie, prudence, audace), ce système récompense l'efficacité égoïste et matérialiste au détriment des valeurs altruistes et idéalistes. La ploutocratie manque de légitimité morale et esthétique, devenant stérile et répulsive, ce qui annonce sa chute inévitable, accélérée par la Révolution russe.

---