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timestamp: "00:00:11"
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title: "Introduction au procès et contexte des accusations"
quote: "J'ai trouvé ce procès relativement inquiétant et je me suis demandé si on était dans la prévention du cyberharcèlement ou bien dans une vraie attaque déguisée de la liberté d'expression."
details:
Bertrand Scholer introduit le procès intenté par Brigitte Macron contre une dizaine de citoyens français, dont lui-même et Zo Sagan, qu'il qualifie de procès inquiétant qui pourrait masquer une attaque contre la liberté d'expression plutôt qu'une véritable prévention du cyberharcèlement. Il explique que sa propre implication se limite à une période de 15 jours entre fin août et le 10 septembre 2024, période durant laquelle son compte X a été censuré pendant deux mois, coïncidant étrangement avec sa garde à vue. La sélection des prévenus semble arbitraire, ne couvrant pas les grands comptes les plus influents mais plutôt des citoyens ordinaires, ce qui soulève des questions sur les véritables motivations derrière ces poursuites judiciaires.
Le contexte médiatique est particulièrement hostile, avec un harcèlement en règle des accusés par les grands médias, incluant des menaces de mort et des propos violents tenus sur des plateaux télévisés. Scholer cite notamment une journaliste de TF1 ayant tenu des propos extrêmes comme "Ces gens sont des cafards, il faudrait les écraser, les exterminer", illustrant ainsi l'atmosphère de lynchage médiatique qui entoure ce procès. Cette campagne de dénigrement systématique contraste fortement avec l'absence de preuves concrètes de harcèlement, créant un climat d'intimidation qui dépasse largement le cadre strictement judiciaire.
La période couverte par les accusations varie considérablement selon les prévenus, allant de quelques jours à plusieurs mois, sans logique apparente dans la sélection des tweets incriminés. Scholer souligne que dans son cas, la plupart des tweets retenus dataient de sa marche vers Compostelle et consistaient en des publications anodines, ce qui renforce l'impression d'une procédure arbitraire et disproportionnée par rapport aux faits reprochés, qui semblent davantage relever de l'expression d'opinions que de véritables actes de harcèlement.
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timestamp: "00:03:22"
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title: "Le lynchage médiatique et l'absence de preuves médicales"
quote: "Ces gens sont des cafards, il faudrait les écraser, les exterminer."
details:
Les grands médias mènent une campagne de dénigrement systématique contre les prévenus, avec des propos allant jusqu'à l'appel à la violence physique. Pascal Praud est cité comme exemple de journaliste ayant appelé à la ruine complète des accusés, propos qui contrastent fortement avec le traitement réservé aux véritables crises humanitaires comme celle de Gaza. Cette couverture médiatique biaisée crée un climat de terreur autour des personnes mises en cause, bien avant que ne soit établie leur culpabilité éventuelle.
L'absence de preuves médicales solides concernant le prétendu harcèlement est flagrante : aucun certificat médical des urgences ni démonstration d'un lien de cause à effet entre les tweets et une éventuelle souffrance de Brigitte Macron. Le certificat médical produit a été remis au dernier moment, le dimanche soir à 19h50, empêchant les avocats de la défense de contester sa validité. Scholer qualifie ce document de "certificat de complaisance", d'autant plus que le médecin s'exprime en termes hypothétiques et ne démontre rien de concret.
La salle d'audience était majoritairement occupée par des journalistes qui retransmettaient en temps réel les débats, mais avec des déformations systématiques des propos tenus. Scholer compare cette couverture à du "Canada Dry par rapport à du whisky" : similaire en apparence mais fondamentalement différent dans le fond. Cette manipulation de l'information en direct contribue à créer une narration médiatique biaisée qui influence l'opinion publique et pourrait peser sur le jugement final.
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timestamp: "00:06:42"
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title: "Sélection arbitraire des prévenus et absence des grands comptes"
quote: "Pourquoi ces personnes n'étaient pas là ? Sont-ils utiles au système ? sont-ils des gens pratiques ?"
details:
La sélection des prévenus apparaît totalement arbitraire, le procureur ayant distingué des "instigateurs" et des "suiveurs" sans logique évidente. Parmi les accusés se trouvent des personnes avec seulement 12 abonnés, dont les tweets n'ont obtenu que quelques vues, tandis que les grands comptes ayant diffusé massivement les mêmes contenus ne sont pas inquiétés. Cette sélectivité soulève des questions fondamentales sur les critères réels de poursuite et la volonté d'épargner certains acteurs influents.
Le profil des prévenus est extrêmement varié, allant d'un professeur ayant fermé tous ses réseaux sociaux par peur des représailles à un informaticien travaillant en Suisse, en passant par un second adjoint au maire d'un petit village. Cette diversité illustre la nature "coup de filet" de la procédure, visant apparemment à créer un effet dissuasif large plutôt qu'à cibler spécifiquement les auteurs de véritables infractions. La disproportion entre l'impact réel des tweets incriminés et la sévérité des poursuites est frappante.
L'absence des grands comptes médiatiques dans le box des accusés est particulièrement significative. Des personnalités comme Xavier Poussard, qui a pourtant largement contribué à diffuser l'"affaire Brigitte Macron" via son livre et ses interventions, ne font pas partie des prévenus. Cette immunité relative des acteurs médiatiques établis suggère une forme de sélection politique dans les poursuites, où seuls les "petits comptes" sont sacrifiés pour servir d'exemple sans risquer de conflit avec des acteurs influents.
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timestamp: "00:13:51"
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title: "Origines de l'affaire et rôle des lanceurs d'alerte"
quote: "J'ai eu la chance d'avoir Xavier qui m'expliquait les choses et réellement quand on écoute Xavier, c'est fascinant, c'est vertigineux."
details:
L'affaire trouve son origine dans des investigations menées depuis 2017 par différents acteurs comme Nathalie Chifflet, Amandine Nguyen et surtout Xavier Poussard, qui a systématisé les recherches. Ces investigations se sont heurtées à un mur dès le début, comme en témoigne une journaliste ayant tenté d'écrire une biographie de Brigitte Macron et s'être vu signifier clairement que ce sujet était tabou. Cette entrave précoce à l'investigation journalistique légitime contraste avec l'accusation de "complotisme" portée contre ceux qui posent des questions.
Aurélien (Zo Sagan) est présenté comme un artiste et écrivain créatif ayant utilisé l'intelligence artificielle pour développer un nouveau genre littéraire, plutôt que comme un militant ou un harceleur. Son intérêt pour Bernard Arnault, première fortune de France, aurait précédé son implication dans l'affaire Macron, suggérant que sa démarche relève davantage de l'investigation que du harcèlement. La censure de ses livres par les maisons d'édition, sans explication claire, renforce l'impression d'un sujet tabou dans l'édition française.
Le rôle des lanceurs d'alerte est central dans cette affaire, Aurélien ayant servi de confident pour plusieurs dossiers sensibles avant de s'intéresser à Brigitte Macron. Son approche artistique et poétique de l'investigation contraste avec l'image de harceleur systématique véhiculée par l'accusation. La criminalisation de ce type de démarche investigative pose la question plus large de la place des lanceurs d'alerte dans une démocratie et de leur protection face au pouvoir en place.
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timestamp: "00:23:55"
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title: "Contexte géopolitique et économique des censures"
quote: "Si on est un média et qu'on se fâche avec Black Rock c'est terminé. On a plus de pub."
details:
Le contexte économique des censures sur les réseaux sociaux est crucial pour comprendre les enjeux de l'affaire. Bertrand Scholer établit un parallèle entre la censure subie par les prévenus et celle qu'a connue Elon Musk après son rachat de Twitter, lorsque les grands annonceurs comme Black Rock ont retiré leurs publicités en masse. Cette dépendance économique des plateformes envers les grands groupes limite considérablement la liberté d'expression et crée une forme d'autocensure systémique.
Le cas de Bernard Arnault et du groupe LVMH illustre les tabous économiques dans les médias français. Scholer explique que tout média s'attaquant à ce groupe risque de perdre ses annonceurs, créant ainsi des sujets intouchables dans le paysage médiatique. Ce contexte économique éclaire les difficultés rencontrées par ceux qui enquêtent sur l'entourage du président, souvent lié à ces milieux économiques puissants.
La dimension géopolitique est également présente, avec la réduction drastique de la visibilité des comptes critiques envers la politique israélienne après les pressions subies par Elon Musk. Scholer décrit comment des comptes passant de millions à quelques centaines de milliers de vues ont vu leur audience s'effondrer sans explication technique, illustrant les mécanismes subtils de censure algorithmique qui se développent sur les plateformes sous la pression des annonceurs et des gouvernements.