🇹🇷 Türkiye - President Addresses United Nations General Debate, 80th Session | #UNGA

Discours du Président Erdogan à l'Assemblée Générale des Nations Unies

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title: "L'urgence humanitaire Ă  Gaza et l'appel Ă  la reconnaissance de la Palestine"

quote: "Pour les derniers 23 mois, un enfant a été assassiné par Israël à Gaza toutes les heures. Oui, toutes les heures."

details:

Le Président Erdogan commence son discours en exprimant ses regrets pour l'absence du Président palestinien Mahmoud Abbas, soulignant l'importance croissante de la reconnaissance de l'État de Palestine par la communauté internationale. Il lance un appel pressant à tous les pays qui ne l'ont pas encore fait pour qu'ils reconnaissent sans délai l'État de Palestine, affirmant que cette reconnaissance est une étape fondamentale vers la justice. Ce plaidoyer s'inscrit dans le contexte plus large du 80ème anniversaire de l'ONU, dont il rappelle la mission première selon sa Charte : maintenir la paix et la sécurité internationales. Il établit ainsi un contraste saisissant entre les idéaux fondateurs de l'organisation et la réalité tragique qui se déroule à Gaza, qu'il qualifie de génocide en direct.

Le discours décrit avec une intensité dramatique la situation humanitaire catastrophique à Gaza, marquée par un bilan humain dépassant les 65 000 victimes civiles, dont plus de 20 000 enfants. Erdogan utilise des images fortes, comme celle de personnes tenant des seaux, pour illustrer la lutte quotidienne pour la survie et la faim utilisée comme une arme de guerre. Il insiste sur l'effondrement total du système de santé, où les hôpitaux sont délibérément ciblés, les ambulances bombardées et les médecins tués ou disparus, rendant tout traitement ou chirurgie impossible, même les amputations sur des enfants sans anesthésie. Cette description vise à frapper la conscience mondiale et à dénoncer ce qu'il présente comme le point le plus bas de l'humanité, un chapitre honteux de l'histoire se déroulant sous les yeux de tous via les médias.

Au-delà des pertes humaines, Erdogan étend la notion de destruction à l'ensemble de l'écosystème de Gaza. Il accuse Israël de mener une politique de destruction massive de la vie elle-même, ciblant les terres agricoles, les ressources en eau, les arbres centenaires, et même les animaux. Cette annihilation systématique de l'environnement et du patrimoine (bibliothèques, écoles, lieux de culte) vise, selon lui, à rendre le territoire invivable pour les générations futures. Il rejette catégoriquement l'idée qu'il s'agisse d'une guerre, arguant qu'un conflit suppose deux parties belligérantes, alors qu'à Gaza, une armée ultra-moderne fait face à une population civile désarmée. Il dénonce l'utilisation des événements du 7 octobre comme un prétexte pour justifier une occupation, une déportation et un génocide.

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title: "La menace régionale israélienne et l'érosion des valeurs internationales"

quote: "Netanyahu n'est manifestement pas intéressé par la paix ou la libération des otages."

details:

Erdogan élargit le cadre de la critique en accusant Israël de menacer la paix et la stabilité de l'ensemble de la région du Moyen-Orient. Il cite des attaques non seulement à Gaza et en Cisjordanie, mais aussi contre la Syrie, l'Iran, le Yémen, le Liban, et même contre une délégation en pourparlers de cessez-le-feu au Qatar. Cette agression, présentée comme "téméraire", démontre selon lui que le gouvernement israélien, animé par une obsession des "terres promises", ne cherche pas la paix mais l'escalade. Il souligne que cette dynamique trouble également les juifs consciencieux et alimente l'antisémitisme dans le monde, créant un cycle de violence préjudiciable à tous.

Le président turc associe directement l'agression israélienne à une érosion inquiétante des valeurs fondamentales qui ont émergé après la Seconde Guerre mondiale, particulièrement en Europe et en Occident. Il dresse une liste alarmante des droits bafoués : la liberté d'expression, la liberté de la presse, le droit de manifester, les droits des femmes et des enfants, la démocratie, l'égalité et la justice. Il avance que la réaction à la situation à Gaza a servi de révélateur, montrant que ces principes sont mis de côté lorsqu'il s'agit de la Palestine. Il en appelle à la responsabilité des chefs d'État et de gouvernement, les exhortant à faire preuve de courage et à se ranger du côté des Palestiniens opprimés et de l'humanité, affirmant que quiconque reste silencieux se rend complice de la barbarie.

La solution proposée est claire et immédiate : un cessez-le-feu doit être instauré dès que possible, les attaques doivent cesser et l'aide humanitaire doit pouvoir entrer sans entrave à Gaza. Erdogan exige que les responsables de ce qu'il qualifie de génocide soient tenus pour responsables devant le droit international, exprimant sa conviction que cela finira par arriver. Il salue et remercie chaleureusement tous les défenseurs de la Palestine à travers le monde – militants, universitaires, journalistes – qu'il présente comme les véritables porteurs d'espoir et de conscience dans cette crise. Cette section se conclut sur un impératif moral : agir pour mettre fin à l'injustice.

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title: "La politique étrangère multidirectionnelle de la Turquie : médiation et stabilisation régionale"

quote: "N'oubliez pas qu'il n'y a pas de vainqueur dans la guerre, mais il n'y a pas de perdant dans une paix juste."

details:

Erdogan présente la Turquie comme un acteur central de la paix et de la stabilité dans son environnement régional immédiat. Il revient longuement sur le conflit syrien, soulignant que pendant 13 ans, la Turquie a été la voix des Syriens opprimés, tout comme elle l'est aujourd'hui pour les Palestiniens. Il salue la "révolution du 8 décembre" en Syrie comme un tournant ayant mis fin au régime "sanguinaire", et exprime son soutien à une Syrie unifiée, libre et débarrassée du terrorisme, notamment de l'EIIS. Il affirme qu'une Syrie stable profitera à toute la région, y compris aux pays du Golfe, et promet de poursuivre la coopération avec tous les acteurs partageant ces principes.

Le rôle de médiateur de la Turquie est mis en avant à travers plusieurs dossiers. Concernant la guerre en Ukraine, Erdogan mentionne les pourparlers directs facilités par Ankara ayant conduit à des échanges de prisonniers, et réitère l'engagement de la Turquie à œuvrer pour un cessez-le-feu et une paix juste, basée sur le principe qu'une guerre n'a pas de vainqueur. Il se félicite également des progrès dans le processus de paix entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, saluant les leaders des deux pays ainsi que le président américain Donald Trump pour leur contribution. Il évoque également les efforts en cours dans le cadre du "processus d'Ankara" pour résoudre le conflit entre la Somalie et l'Éthiopie, et le respect strict de la Convention de Montreux pour la sécurité en mer Noire.

La position de la Turquie sur les questions maritimes et chypriote est réaffirmée avec fermeté. Erdogan avertit que tout projet en Méditerranée orientale qui exclurait la Turquie et la République turque de Chypre du Nord (RTCN) est voué à l'échec. Il réitère sa proposition de conférence sur la Méditerranée orientale pour trouver un terrain d'entente. Sur Chypre, il affirme l'existence de "deux peuples et deux États distincts" sur l'île et exige que la communauté internationale mette fin à l'isolement "injuste et inhumain" imposé aux Chypriotes turcs depuis 50 ans. Il lance un appel direct et répété à la reconnaissance internationale de la RTCN et à l'établissement de relations avec elle.

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timestamp: "00:25"

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title: "Une vision globale : engagements continentaux et priorités stratégiques"

quote: "Notre organisation des États turciques avance avec confiance sur la voie pour devenir un acteur global."

details:

Cette section détaille l'approche multidirectionnelle, ou "à 360 degrés", de la politique étrangère turque. Erdogan exprime le désir d'un "nouveau départ" dans les relations avec l'Union européenne, tout en soulignant le rôle de la Turquie en tant que "pourvoyeur net de sécurité" au sein de l'OTAN et de l'ONU. Il mentionne le prochain sommet de l'OTAN aux États-Unis et l'importance des relations bilatérales avec Washington dans les domaines du commerce, de l'énergie et de l'industrie de défense. Cela positionne la Turquie comme un partenaire indispensable au sein des alliances occidentales.

L'ancrage de la Turquie dans le monde turcique et eurasiatique est fortement souligné. Erdogan accorde une importance stratégique à la paix et à la prospérité de l'Asie centrale, "patrie ancestrale" de la Turquie, et présente l'Organisation des États turciques comme un acteur montant sur la scène mondiale. Il évoque également les efforts de stabilisation dans les Balkans, via la nouvelle "Plateforme de paix des Balkans", et la reprise prochaine du commandement des forces K4 en Afghanistan. En Asie du Sud, il se félicite du cessez-le-feu entre le Pakistan et l'Inde et appelle à une résolution de la question du Cachemire via le dialogue, conformément aux résolutions de l'ONU.

L'engagement de la Turquie en Afrique et envers d'autres régions est présenté comme une pierre angulaire de sa politique étrangère. Erdogan mentionne le soutien continu à la Somalie et les activités humanitaires au Soudan, où il appelle la communauté internationale à assumer sa responsabilité pour arrêter l'effusion de sang. Il exprime sa préoccupation face à l'instabilité dans la région des Grands Lacs et l'augmentation des activités terroristes au Sahel. Enfin, il réaffirme l'importance stratégique des relations avec l'Asie (via l'initiative "Retour en Asie" et des organisations comme l'ASEAN) et la volonté de renforcer les partenariats avec l'Amérique latine et les Caraïbes dans une logique gagnant-gagnant.

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title: "Les défis mondiaux : commerce, climat, technologie et valeurs sociétales"

quote: "Les technologies d'IA devraient être utilisées pour le bénéfice de l'humanité, et non comme un nouvel outil de domination."

details:

Face aux défis économiques et environnementaux globaux, Erdogan plaide pour des réformes du commerce international basées sur des règles, dénonçant les tendances protectionnistes et les ruptures des chaînes d'approvisionnement. Il présente des projets d'infrastructure turcs comme le corridor trans-caspien Est-Ouest et la ligne Bakou-Tbilissi-Kars comme des contributions vitales au développement du commerce mondial et à l'accès à une énergie abordable pour les pays en développement. Sur le climat, il met en avant la détermination de la Turquie à atteindre l'objectif de zéro émission nette d'ici 2053 et célèbre le mouvement "Zéro Déchet" de son épouse, devenu un phénomène mondial. Il insiste sur l'obligation des pays développés à tenir leurs engagements financiers pour aider à la réalisation des Objectifs de Développement Durable de l'ONU.

Le discours aborde la révolution technologique, en particulier l'intelligence artificielle, avec un mélange d'optimisme et de mise en garde. Erdogan souligne le potentiel transformateur de l'IA mais avertit qu'elle ne doit pas devenir un instrument de domination ou creuser les inégalités. Il présente la Turquie comme un acteur responsable, hébergeant la Banque des technologies de l'ONU pour les pays les moins avancés et ayant préparé une convention sur les droits de l'enfant dans le monde numérique, pour laquelle il sollicite un soutien international. Cette approche vise à positionner la Turquie comme un pont entre les pays développés et en développement dans la gouvernance des technologies émergentes.

Enfin, Erdohan défend une vision conservatrice des valeurs sociétales, dénonçant avec force la montée du racisme, de la xénophobie et de l'islamophobie qu'il considère comme une menace pour la coexistence. Il salue le rôle de l'Alliance des civilisations. Plus notablement, il lance un plaidoyer fervent pour la défense de l'institution familiale, qu'il définit comme "une femme et un homme", affirmant que la défendre revient à défendre l'humanité, la nature et l'avenir. Cette prise de position s'inscrit dans un clivage culturel plus large au niveau international et affirme l'engagement de la Turquie en faveur de valeurs traditionnelles perçues comme étant sous menace.