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timestamp: "00:00:20"
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title: "Les origines et la formation de Georges Pompidou"
quote: "Georges Pompidou va correspondre tout à fait aux modèles de méritocratie mise en place par la troisième république"
details:
Georges Pompidou incarne parfaitement le parcours méritocratique de la IIIe République. Né en 1911 à Montboudif dans le Cantal, fils d'instituteur et petit-fils de paysan, il suit un parcours académique exemplaire qui le mène à Louis-le-Grand puis à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm. Agrégé de lettres classiques en 1934, il montre déjà une ouverture d'esprit remarquable en suivant parallèlement les cours de Sciences Po, chose rare pour un normalien à cette époque. Sa formation militaire à Saint-Maixent complète ce profil d'excellence républicaine.
La période de la Seconde Guerre mondiale révèle un Pompidou attentiste, sans engagement marqué ni pour le régime de Vichy ni pour la Résistance. Cette position contrastait avec celle de son condisciple Maurice Schumann, déjà aux côtés de De Gaulle à Londres. Cependant, Pompidou admirait secrètement le Général pour avoir redonné à la France son rang après le désastre de 1940, une admiration qui préparait le terrain pour leur future collaboration.
Son mariage avec Claude Cahour, rencontrée lorsqu'elle était étudiante en droit, forme le socle d'une union indéfectible qui le soutiendra tout au long de sa carrière. Ses premières affectations professorales à Marseille puis à Paris, et son projet de thèse sur Barbey d'Aurevilly (qui restera inabouti), montrent un homme partagé entre ses ambitions intellectuelles et l'appel de l'action politique.
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timestamp: "00:04:41"
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title: "L'entrée dans le gaullisme et la haute administration"
quote: "René Brouillet va être chargé d'une mission dans ce cabinet de De Gaulle en 1945"
details:
Le tournant décisif intervient en 1945 lorsque René Brouillet, ancien condisciple de Louis-le-Grand et directeur adjoint du cabinet de De Gaulle, recrute Pompidou comme agrégé "sachant écrire". De Gaulle reconnaît immédiatement ses qualités intellectuelles exceptionnelles - clarté, précision et esprit de synthèse. Pompidou construit méthodiquement son réseau au sein du gaullisme naissant, fréquentant Gaston Palewski, Louis Joxe, Claude Mauriac, et Étienne Burin des Roziers.
Après la démission de De Gaulle en janvier 1946, Pompidou refuse de retourner à l'enseignement et entre dans la haute administration comme maître des requêtes au Conseil d'État. Son rôle à la tête de la Fondation Anne de Gaulle pour l'enfance handicapée lui vaut l'estime de Madame de Gaulle, faisant de lui un habitué de La Boisserie, la résidence des De Gaulle à Colombey-les-Deux-Églises.
Bien que n'adhérant pas formellement au RPF fondé en 1947, Pompidou participe au comité de réflexion doctrinal aux côtés de Raymond Aron, Louis Vallon, Albin Chalandon et Michel Debré. Cette position en retrait lui vaut la méfiance des gaullistes historiques qui le considèrent comme un "résistant de septembre 44", mais lui permet de préserver son indépendance intellectuelle.
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timestamp: "00:08:14"
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title: "L'intermède bancaire et le retour au pouvoir"
quote: "Georges Pompidou se reconvertit dans la finance puisqu'il va entrer au service du groupe Rothschild"
details:
Après la dissolution du RPF en 1953, Pompidou opère une reconversion remarquée dans la finance en entrant au service du groupe Rothschild. Il s'entend parfaitement avec le baron Guy de Rothschild au point de devenir directeur général du groupe - succès éclatant pour le fils d'instituteur cantalien. Cette période bancaire lui donne une expertise économique précieuse et un réseau influent, tout en maintenant ses liens avec La Boisserie où il côtoie les futurs acteurs du gaullisme au pouvoir.
Bien que resté à l'écart des complots du 13 mai 1958, De Gaulle fait à nouveau appel à lui comme chef de cabinet en juin 1958. Pompidou refuse pourtant le ministère des Finances en janvier 1959 et retourne chez Rothschild, montrant une indépendance d'esprit qui caractérise son parcours. Sa présence aux côtés de De Gaulle lors de la descente des Champs-Élysées en janvier 1959 constitue une marque de confiance exceptionnelle.
Son retour définitif à la politique intervient en avril 1962 lorsqu'il remplace Michel Debré à Matignon, quittant ainsi la banque Rothschild pour six années cruciales. Ce passage de la finance à la politique suprême illustre la versatilité de ses talents et la confiance que De Gaulle place en ses capacités de gestion et de synthèse.
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timestamp: "00:11:40"
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title: "Les défis de Matignon et l'affirmation politique"
quote: "Pompidou apparaît à l'époque aux mains un exécutant au service du Général"
details:
Les débuts à Matignon sont tumultueux : le gouvernement Pompidou est minoritaire à l'Assemblée et doit démissionner avant le référendum sur l'élection présidentielle au suffrage universel. Le succès du référendum (60% de oui) et la dissolution conduisent à des élections législatives qui voient le triomphe de l'UNR, confirmant Pompidou dans ses fonctions. Il passe progressivement du statut d'exécutant à celui de successeur potentiel, compte tenu de l'âge avancé de De Gaulle.
Pompidou doit gérer les suites complexes de la guerre d'Algérie, dont l'épilogue ne sera véritablement digéré qu'en 1965 après l'échec de Tixier-Vignancour à la présidentielle, puis en 1968 avec l'amnistie finale des combattants de l'Algérie française. La grève des mineurs de 1963 révèle une défiance sociale importante que Pompidou gère avec pragmatisme, affirmant progressivement son autorité personnelle.
L'opération de la prostate de De Gaulle en 1964 permet à Pompidou d'assurer l'intérim et de répondre au Parlement à François Mitterrand qui développait la thèse du "coup d'État permanent". Sa réplique cinglante - "l'avenir n'appartient pas aux fantômes" - le fait sortir de l'ombre du Général et s'affirmer comme un leader à part entière, consolidant son statut de dauphin potentiel.
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timestamp: "00:15:23"
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title: "Mai 68 et la rupture avec De Gaulle"
quote: "Pompidou est clairement contre le recours à la force il va chercher à négocier à sortir de la crise par le haut"
details:
Durant la crise de Mai 68, Pompidou adopte une position pragmatique contre le recours à la force et privilégie la négociation. Il pilote les accords de Grenelle à partir du 25 mai avec les syndicats, notamment la CGT, démontrant des talents de négociateur. Le départ de De Gaulle à Baden-Baden sans l'en informer est vécu comme une blessure personnelle et une marque de défiance injustifiée compte tenu de sa gestion de la crise.
Son conseil à De Gaulle de dissoudre l'Assemblée plutôt que de recourir à un référendum s'avère judicieux : les élections des 23 et 30 juin 1968 donnent un raz-de-marée gaulliste (système électoral aidant). Paradoxalement, ce succès electoral conduit à son remerciement en juillet 1968, De Gaulle lui préférant Maurice Couve de Murville, peut-être inquiet de la stature acquise par son Premier ministre.
L'affaire Markovic en octobre 1968 - une sordide histoire criminelle avec photos truquées visant à compromettre Claude Pompidou - aggrave la rupture. Pompidou est déçu par le soutien minimal de De Gaulle dans cette affaire, ce qui le conduit à affirmer publiquement ses ambitions présidentielles lors de déclarations à Rome en janvier 1969 puis à Genève en février, rompant ainsi avec le "scénario Togo ou le chaos".
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timestamp: "00:19:01"
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title: "L'élection présidentielle et la politique de continuité"