Alain Soral sur Radio 103 (2005)

Entretien avec Alain Soral : analyse sociologique et controverses

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timestamp: "00:00"

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title: "Présentation et controverse médiatique"

quote: "Alain Soral est un sociologue [...] mais il est surtout un personnage très controversé."

details:

Alain Soral se présente comme un sociologue et agitateur intellectuel, auteur d'ouvrages comme *Sociologie du dragueur* et *Misère du désir*, vendus à près de 400 000 exemplaires. Son approche se revendique subversive et va à l'encontre de l'idéologie dominante, ce qui lui vaut une réputation controversée. Il est souvent perçu comme un misogyne par ses détracteurs, bien qu'il explique que cette étiquette provient de sa critique systématique des discours dominants, notamment du féminisme contemporain. Soral compare son parcours à celui des héros de romans du XIXe siècle, des autodidactes de province montés à Paris pour affronter les élites établies.

L'entretien aborde également les risques physiques et médiatiques qu'il encourt en raison de ses positions, notamment depuis son soutien à Dieudonné. Malgré les menaces et les agressions, Soral maintient une posture ouverte aux rencontres, refusant la paranoïa tout en restant conscient des dangers. Cette introduction pose le ton d'un dialogue où Soral assume pleinement son rôle d'intellectuel marginalisé, prêt à provoquer des débats que les médias mainstream évitent soigneusement.

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timestamp: "00:02"

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title: "Misogynie et critique du féminisme contemporain"

quote: "On me taxe de misogyne [...] parce que j'ai émis l'hypothèse que [la femme est l'avenir de l'homme] n'était pas forcément certaine."

details:

Soral explique que l'accusation de misogynie découle de sa remise en cause de l'idéologie dominante qui promeut une vision essentialiste de la femme comme "avenir de l'homme". Il argue que cette posture relève d'une stratégie médiatique et politique visant à disqualifier toute critique du féminisme contemporain. Pour lui, les médias l'ont souvent invité précisément pour incarner ce contrepoint provocateur, ce qui a renforcé son image de trublion.

Il développe une analyse des magazines féminins, qu'il considère comme profondément méprisants envers les femmes, les réduisant à des préoccupations superficielles (mode, régimes, célébrités). Soral y voit une forme de manipulation capitaliste qui entretient la frustration plutôt que l'émancipation. Cette section illustre sa méthode : partir d'un objet culturel apparemment anodin pour révéler des mécanismes idéologiques plus larges.

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timestamp: "00:07"

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title: "Confrontations médiatiques et liberté d'expression"

quote: "Ce que les gens n'ont pas saisi [...] c'est que Josyane Savigneau m'insultait depuis le début de l'émission."

details:

Soral revient sur des incidents médiatiques, comme son doigt d'honneur à Josyane Savigneau dans *Campus*, qu'il justifie comme une réponse à des provocations constantes et non diffusées. Il critique vertement la dégradation des débats culturels à la télévision, qu'il compare défavorablement à des émissions comme *Apostrophes* dans les années 1970, où des affrontements idéologiques intenses avaient lieu avec un niveau intellectuel bien supérieur.

Il dénonce la lâcheté des intellectuels contemporains qui, selon lui, préfèrent la promotion personnelle à la subversion intellectuelle. Pour Soral, les émissions culturelles sont devenues des espaces aseptisés où règne la peur de ne plus être invité. Cette critique s'étend au système médiatique dans son ensemble, qu'il accuse de favoriser la médiocrité et de étouffer toute pensée véritablement critique.

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timestamp: "00:13"

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title: "Sociologie du désir et critique de la consommation"

quote: "Réduire la liberté au désir, et le désir à l'acte d'achat [...] c'est le mécanisme actuel."

details:

Soral développe sa théorie de "l'idéologie du désir" qui réduit la liberté à la consommation. Il oppose une conception classique de la liberté comme maîtrise de ses déterminations à une vision contemporaine qui encourage l'assouvissement immédiat des pulsions. Cette analyse, centrale dans *Misère du désir*, montre comment le marché capitaliste instrumentalise le désir pour maintenir une fuite en avant consumériste.

Il étend cette réflexion à la sexualité médiatisée, arguant que la surenchère érotique à la télévision crée plus de frustration que de libération. Le vrai acte subversif, selon lui, serait de pratiquer une sexualité authentique en dehors des circuits médiatiques. Cette section révèle comment Soral articule critique marxiste et analyse culturelle pour dénoncer les illusions de la "libération" contemporaine.

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timestamp: "00:23"

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title: "Influences philosophiques et rejet de l'université"

quote: "Je revendique mon statut d'autodidacte [...] les études de sciences humaines ne sont pas sérieuses."

details:

Soral assume une formation largement autodidacte, rejetant l'université qu'il juge complice du pouvoir. Il cite Michel Clouscard comme son vrai maître à penser, pour sa théorie du "libéralisme libertaire" qui aurait détourné l'esprit de Mai 68 au profit du capitalisme. Cette posture explique son rejet des sociologues institutionnels comme Bourdieu, qu'il accuse de naïveté positiviste et de complicité avec le pouvoir.

Il oppose les "vrais" penseurs (Goldmann, Wallon, Clouscard) aux "faiseurs" médiatiques comme Foucault ou Castoriadis. Cette critique radicale de l'institution universitaire fonde sa légitimité d'intellectuel marginal et justifie son style polémique. Soral se présente ainsi en héritier d'une tradition critique que l'université aurait trahie.

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timestamp: "00:34"

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title: "Islam, banlieues et communautarisme"

quote: "Un Maghrébin qui retourne à l'islam n'est plus un voleur ou un violeur [...] sociologiquement, c'est irrecevable."

details:

Soral analyse la diabolisation des jeunes des banlieues, montrant comment on passe d'une image du délinquant à celle du islamiste violent. Il oppose l'islam traditionnel, porteur de valeurs morales, à l'identification aux cultures ghetto américaines qu'il juge destructrices. Cette analyse lui a valu de nombreuses attaques, mais il la présente comme nécessaire pour comprendre les mécanismes de stigmatisation.

Il dénonce l'instrumentalisation politique de ces questions, notamment par le Parti Socialiste qui serait passé de "Touche pas à mon pote" à la dénonciation des "islamo-violeurs". Soral y voit une stratégie pour ethniciser les problèmes sociaux et éviter de remettre en cause les structures économiques. Cette section montre sa méthode : croiser analyse sociologique et décryptage politique pour révéler les manipulations idéologiques.

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