La double dépense des stablecoins, l'avenir de la monnaie et l'IA, avec Michel Khazzaka !

Bitcoin, monnaies, dettes et transformations monétaires : analyse systémique et prospective

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title: "Bitcoin, or et réserves stratégiques : convergence des paradigmes monétaires"

quote: "Bitcoin suit exactement le même chemin d'adoption de l'or en tant que réserve par les États et les banques centrales."

details:

L’introduction du débat s’articule autour de la publication d’un rapport de la Deutsche Bank, qui compare explicitement le processus d’adoption du Bitcoin par les banques centrales à celui de l’or. Cette analogie, longtemps discutée dans les cercles spécialisés, est désormais validée par une institution financière majeure, ce qui marque une évolution significative dans la perception institutionnelle du Bitcoin. Le rapport souligne que la volatilité du Bitcoin s’est considérablement réduite, se rapprochant de celle de l’or, ce qui renforce sa légitimité comme actif de réserve. Cette convergence des courbes de valorisation et d’usage entre l’or et le Bitcoin est illustrée par des exemples concrets : BlackRock, le gouvernement américain, le Salvador et d’autres institutions financières majeures utilisent désormais le Bitcoin, confirmant ainsi son intégration progressive dans les bilans stratégiques. Historiquement, l’or a servi de point de consensus monétaire (point de shelling) en raison de sa rareté, de son inutilité industrielle et de son acceptation universelle, des qualités que le Bitcoin tend à reproduire dans le monde numérique. Cette évolution est replacée dans une perspective historique longue, rappelant comment l’or a émergé comme standard monétaire après l’échec d’autres formes de monnaie (bronze, coquillages, etc.), en raison de son attractivité et de sa stabilité. Le débat philosophique sur la nature de la monnaie (travail, convention sociale, dette) est également abordé, mettant en lumière la complexité des définitions et la difficulté pour les banques centrales de s’accorder sur une vision unifiée. Enfin, la discussion met en avant la notion de monnaie comme représentation d’une énergie passée, soulignant l’importance de la rareté et du consensus social dans la formation de la valeur monétaire.

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title: "Jeux d’intérêts, stratégies d’accumulation et enjeux géopolitiques"

quote: "Les banques centrales dans une bonne théorie de jeu classique ont trouvé un intérêt par peur ou par intérêt pécunier de dire vaut mieux que je commence à acheter un peu."

details:

L’analyse se poursuit sur les motivations profondes des banques centrales à accumuler de l’or et, désormais, du Bitcoin. Dans un contexte où la confiance dans les monnaies fiduciaires s’érode, l’or et le Bitcoin servent de points de consensus monétaire international, permettant de solder les balances commerciales et de garantir la stabilité en temps de crise. Le rapport de la Deutsche Bank suggère que, par jeu d’anticipation, certaines banques centrales commencent déjà à étudier, voire à accumuler discrètement du Bitcoin, malgré les réticences officielles et les interdictions potentielles de la BCE. Des exemples concrets sont donnés, comme la Banque nationale suisse qui, tout en affichant publiquement son scepticisme, détient des actions stratégiques liées au Bitcoin. La discussion aborde également la stratégie de Michael Saylor et de sa société MicroStrategy, qui propose aux entreprises d’investir indirectement dans le Bitcoin via des actions, offrant ainsi un effet de levier et une exposition accrue à la performance de l’actif. Cette innovation financière est analysée comme une forme de stablecoin actionnarial, qui remet en cause la pyramide du crédit traditionnel et pourrait, en cas de succès, provoquer un transfert massif de richesse depuis l’économie traditionnelle vers les nouveaux instruments adossés au Bitcoin. Les risques systémiques et politiques d’une telle transformation sont évoqués, notamment la réaction potentielle des grandes institutions (BlackRock, gouvernements) face à une remise en cause de l’ordre monétaire établi. Enfin, la discussion met en perspective la stratégie américaine, qui, via l’accumulation de Bitcoin et le développement des stablecoins, cherche à préserver la domination du dollar tout en profitant de l’innovation monétaire pour lever un « impôt mondial » déguisé.

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title: "Dette, crédit et dynamique de l’inflation : fondements et dérives"

quote: "La monnaie en soi peut ne pas être dette mais elle est absolument nécessaire pour les crédits et pour servir des dettes pour rembourser des dettes."

details:

Le débat s’approfondit sur la nature de la dette, du crédit et leur rôle dans la dynamique monétaire et l’inflation. Historiquement, la dette naît de la mémoire sociale et des registres (Mésopotamie), mais l’or s’est imposé comme une monnaie non-dette, reconnue universellement et indépendante de toute créance. La distinction entre monnaie-dette (créée par inscription sur un registre) et monnaie-marchandise (or, Bitcoin) est essentielle pour comprendre les mécanismes de création monétaire et d’inflation. Le système de crédit implique une augmentation temporaire de la masse monétaire, notamment pour honorer les intérêts, ce qui justifie historiquement le minage de l’or. La tésaurisation et la gestion du risque par les créanciers sont des facteurs clés : tant que le banquier accepte le risque de perte, la dette est vertueuse et indispensable à l’économie. Cependant, la dérive actuelle réside dans la socialisation des pertes et la privatisation des gains, alimentant l’inflation et la corruption du système financier. Des analogies religieuses et psychologiques sont mobilisées pour montrer que la dette structure le lien social, familial et économique, et que son bon usage crée de la valeur et du lien humain. La critique des stablecoins met en lumière un problème structurel : la double dépense et la création d’inflation par l’émission de tokens adossés à des actifs rémunérés, profitant principalement au gouvernement américain qui capte ainsi une rente mondiale. Cette situation, facilitée par l’absence de partage des intérêts avec les utilisateurs et par la réglementation européenne (MiCA), pose des questions éthiques et économiques majeures sur la souveraineté monétaire et la redistribution de la richesse.

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timestamp: "01:23"

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title: "Monnaies numériques de banque centrale (MNBC) : promesses, limites et enjeux de souveraineté"

quote: "La monnaie numérique de banque centrale n'est pas une monnaie dit par la banque centrale."

details:

La réflexion s’oriente vers les projets de monnaies numériques de banque centrale (MNBC), en particulier l’euro numérique. Malgré les discours officiels sur l’innovation et la souveraineté, la MNBC de détail se heurte à de nombreuses contradictions : plafonnement des montants détenus (1 000 €), interdiction de l’accumulation par les commerçants, absence de véritable fonction de réserve de valeur, et complexité technique qui la rapproche plus d’un moyen de paiement que d’une monnaie à part entière. Les banques commerciales, réticentes à perdre leur rôle central, sont protégées par ces limitations, tandis que la BCE cherche avant tout à se doter d’un outil de dissuasion monétaire face à la montée des stablecoins et à la concurrence des systèmes de paiement internationaux (Visa, Mastercard). Les initiatives privées (Wiro, EPI) peinent à s’imposer, révélant les difficultés de l’Europe à construire une alternative souveraine crédible. En revanche, l’euro numérique de gros, destiné aux transactions interbancaires et à la tokenisation d’actifs, rencontre une demande réelle et ouvre la voie à des expérimentations innovantes sur blockchain. Cette dualité illustre la différence de culture entre l’Europe, attachée à une vision universaliste et réglementaire, et les États-Unis, pragmatiques et adaptatifs, capables de capter les innovations monétaires et de les intégrer à leur avantage géopolitique.

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timestamp: "01:45"

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title: "Complexité, entropie et prospective : limites de la planification et émergence de nouveaux paradigmes"

quote: "On ne peut piloter un système que par un système plus complexe et du coup quand on vit dans un système plus complexe que nous, faut lâcher l'affaire."

details:

La discussion prend une dimension systémique et prospective, abordant les limites de la planification centralisée (URSS, décroissance) face à la complexité croissante des systèmes économiques et sociaux. Les analogies avec la thermodynamique et l’entropie illustrent la nécessité d’accepter une part d’incertitude et de laisser émerger des solutions par l’expérimentation et l’intelligence collective. L’histoire de l’innovation (Internet, streaming, Bitcoin) montre que ce qui paraît impossible à un moment donné devient réalisable grâce à l’évolution des infrastructures et des paradigmes. La question écologique et la croissance sont repensées à l’aune de la densification informationnelle et de la miniaturisation des systèmes, suggérant que la croissance future pourrait être moins matérielle mais plus concentrée en valeur et en information. Cette réflexion ouvre sur des perspectives transhumanistes et sur la possibilité que les civilisations avancées se concentrent dans des espaces minuscules à très haute densité informationnelle, expliquant ainsi le paradoxe de Fermi par la localisation extrême de l’intelligence dans l’univers.

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timestamp: "01:57"

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title: "Intelligence artificielle, conscience et limites computationnelles"

quote: "On a prouvé que les modèles LLM ne peuvent jamais avoir une conscience parce que le modèle d'entraînement d'un LLM, il ne comprend pas les mathématiques."

details:

La dernière partie du débat se concentre sur les avancées et les limites de l’intelligence artificielle, en particulier des modèles de langage (LLM). Il est démontré que, malgré leur capacité à réfléchir (au sens de produire des réponses par itération), ces modèles sont incapables de raisonner véritablement ou de comprendre les mathématiques, car ils fonctionnent par corrélation statistique et non par construction logique ou intentionnelle. La distinction entre réflexion, raisonnement et conscience est clarifiée par des analogies (couteau, main, cerveau), soulignant que la conscience implique une finalité et une auto-réflexivité que les IA actuelles ne possèdent pas. Les progrès de l’IA sont limités par la nature électronique des ordinateurs, alors que le cerveau humain fonctionne selon des principes quantiques, offrant une efficacité et une capacité d’apprentissage inégalées. L’avenir de l’IA dépendra de la capacité à franchir le cap du quantique, ce qui pourrait ouvrir des perspectives radicalement nouvelles, mais reste incertain à ce stade. Enfin, la réflexion se conclut sur la supériorité actuelle du cerveau humain en termes d’efficience énergétique et d’apprentissage, rappelant que la véritable innovation réside dans la capacité à créer du sens et à relier l’information, au-delà de la simple accumulation de données.

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