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timestamp: "00:00:04"
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title: "La Crise du Multilatéralisme et la Défense de la Démocratie Brésilienne"
quote: "Aujourd'hui, cependant, les idéaux qui ont inspiré ses fondateurs à San Francisco sont menacés comme jamais auparavant dans son histoire."
details:
Le discours du président Lula s'ouvre sur un constat sévère concernant l'état de la gouvernance mondiale. Il établit que l'autorité des Nations Unies, conçue comme le symbole suprême de l'aspiration à la paix après la guerre, est sérieusement mise à l'épreuve. Cette crise du multilatéralisme est directement liée à la consolidation d'un ordre international où les jeux de puissance, les atteintes à la souveraineté, les sanctions arbitraires et les interventions unilatérales deviennent la norme. Lula souligne le parallèle inquiétant entre l'affaiblissement des institutions multilatérales et l'affaiblissement de la démocratie à l'échelle mondiale, arguant que l'inaction face aux actes arbitraires renforce inexorablement l'autoritarisme. Ce préambule sert de cadre à l'ensemble de son intervention, posant les fondements d'un plaidoyer pour un renouveau de la coopération internationale fondée sur le droit et le respect mutuel.
Dans ce contexte de défis globaux, le président brésilien place la résilience démocratique de son pays comme un exemple de résistance. Il rappelle avec force que le Brésil, après avoir retrouvé sa démocratie il y a 40 ans suite à une dictature militaire, a choisi de résister à une attaque sans précédent contre ses institutions. Il dénonce les mesures unilatérales et arbitraires prises contre l'économie et les institutions brésiliennes, ainsi que l'aggression contre l'indépendance du pouvoir judiciaire, qu'il attribue à une droite extrême nostalgique et à de "faux patriotes". Le point d'orgue de cette défense est l'évocation de la condamnation récente d'un ancien chef de l'État pour attaque contre l'État de droit, un processus qu'il décrit comme méticuleux et respectueux des droits de la défense. Ce passage envoie un message clair à la communauté internationale : le Brésil est une nation indépendante et souveraine, déterminée à protéger sa démocratie contre toute forme de tutelle ou d'ingérence extérieure.
Lula élargit ensuite le concept de démocratie au-delà du simple rituel électoral. Pour lui, la force d'une démocratie se mesure à sa capacité à réduire les inégalités et à garantir les droits les plus fondamentaux, tels que l'alimentation, la sécurité, le travail, le logement, l'éducation et la santé. Il affirme qu'une démocratie échoue lorsqu'elle tolère que les femmes soient moins payées que les hommes ou qu'elles meurent victimes de violences conjugales, ou lorsqu'elle se ferme et rend les migrants responsables des maux du monde. Il fait le lien direct entre la pauvreté, l'extrémisme et la santé démocratique. C'est dans cet esprit qu'il annonce avec fierté la confirmation par la FAO que le Brésil est à nouveau sorti de la carte de la faim en 2025, présentant cette réalisation comme une victoire concrète de la démocratie brésilienne et un modèle à suivre.
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timestamp: "00:05:25"
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title: "Les Priorités Mondiales : Faim, Régulation du Numérique et Paix en Amérique Latine"
quote: "La seule guerre dont tout le monde peut sortir vainqueur est celle que nous menons contre la faim et la pauvreté."
details:
Le président Lula appelle à une révision profonde des priorités de la communauté internationale. Partant du constat que 670 millions de personnes souffrent encore de la faim et que 2,3 milliards sont en situation d'insécurité alimentaire, il présente la lutte contre la faim et la pauvreté comme le seul conflit universellement bénéfique. Il présente l'Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté, lancée lors de la présidence brésilienne du G20 et soutenue par 103 pays, comme l'instrument principal de cette bataille. Pour la financer et la rendre effective, il propose des mesures concrètes et ambitieuses : réduire les dépenses militaires au profit de l'aide au développement, alléger la dette extérieure des pays les plus pauvres (notamment africains), et établir des normes fiscales mondiales minimales pour que les ultra-riches paient plus d'impôts que les travailleurs. Cette proposition s'attaque aux racines structurelles des inégalités globales et remet en cause la logique économique dominante.
Un autre axe majeur de cette section est la nécessaire régulation de l'espace numérique. Lula reconnaît le potentiel de rapprochement offert par les plateformes digitales, mais il dénonce vigoureusement leur utilisation pour semer l'intolérance, la misogynie, la xénophobie et la désinformation. Il affirme que l'internet ne peut pas être une zone de non-droit et que le rôle des gouvernements est de protéger les plus vulnérables. Il défend la régulation non pas comme une entrave à la liberté d'expression, mais comme une extension au monde virtuel des lois qui s'appliquent dans le monde réel. Il accuse ceux qui s'opposent à cette régulation de couvrir des intérêts cachés et de fournir un abri à des crimes graves comme la fraude, la traite des êtres humains, la pédophilie et les attaques contre la démocratie. Il cite avec fierté l'adoption récente au Brésil d'une loi avancée pour la protection des enfants en ligne et l'envoi au Congrès de projets de loi pour favoriser la concurrence et des data centers durables.
Concernant l'Amérique latine et les Caraïbes, Lula défend la préservation de la région en tant que zone de paix, soulignant l'absence de conflits ethniques ou religieux majeurs et d'armes de destruction massive. Il exprime son inquiétude face à la comparaison entre le crime et le terrorisme, prônant plutôt une coopération pour réprimer le blanchiment d'argent et limiter le commerce des armes comme moyen le plus efficace de lutter contre le trafic de drogue. Il met en garde contre l'usage de la force létale en dehors des conflits armés, qu'il assimile à des exécutions sans procès. Il appelle au dialogue pour le Venezuela, à un avenir sans violence pour Haïti, et dénonce l'inclusion de Cuba sur la liste américaine des pays soutenant le terrorisme comme inacceptable. Sur l'Ukraine, il réitère qu'il n'y a pas de solution militaire et salue les récentes discussions en Alaska, plaidant pour une solution réaliste qui prenne en compte les préoccupations de sécurité légitimes de toutes les parties, un rôle où les initiatives africaines et du Groupe des Amis pour la Paix (Chine et Brésil) peuvent être utiles.
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timestamp: "00:10:17"
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title: "Le Conflit Israélo-Palestinien et l'Urgence Climatique"
quote: "Aucune situation n'est plus emblématique de l'usage disproportionné et illégal de la force que celle qui se produit en Palestine."
details:
Le président Lula consacre une part significative de son discours à la situation en Palestine, qu'il présente comme l'exemple le plus flagrant de l'échec du système international. Tout en qualifiant les attaques terroristes du Hamas d'indéfendables, il affirme avec une grande fermeté que la réponse israélienne est totalement disproportionnée. Il utilise une métaphore puissante en déclarant que sous les décombres de Gaza sont ensevelis non seulement des dizaines de milliers de femmes et d'enfants innocents, mais aussi le droit international humanitaire et "le mythe de l'exceptionnalisme éthique de l'Occident". Il accuse de complicité ceux qui auraient pu empêcher cette "massacre". Il dénonce l'utilisation de la faim comme arme de guerre et le déplacement forcé des populations, avertissant que le peuple palestinien risque la disparition pure et simple.
La seule solution viable, selon Lula, est la création d'un État palestinien indépendant et pleinement intégré à la communauté internationale, une position soutenue par plus de 150 membres de l'ONU. Il exprime son regret profond que cette solution ait été entravée par un seul veto (sous-entendu celui des États-Unis) et dénonce le fait que le président Mahmoud Abbas se soit vu refuser la parole à la tribune de l'ONU par le pays hôte. Lula met en garde contre une extension du conflit au Liban, en Syrie, en Iran et au Qatar, qui alimenterait une accumulation d'armes sans précédent et une instabilité régionale ingérable.
Le discours opère ensuite une transition cruciale en liant les dépenses militaires et les conflits à la crise climatique. Lula déclare de manière frappante que "les bombes et les armes nucléaires ne nous protégeront pas de la crise climatique", rappelant que 2024 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée. Il présente la COP30, qui se tiendra à Belém (Brésil) comme le "moment de vérité" où les leaders mondiaux devront prouver leur engagement. Il critique l'absence de tableau complet des contributions nationales (NDC), ce qui équivaut selon lui à "avancer les yeux bandés vers l'abîme". Le Brésil montre l'exemple en s'engageant à réduire ses émissions de 59% à 67%, couvrant tous les gaz à effet de serre et tous les secteurs économiques.
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timestamp: "00:15:09"
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title: "Réforme des Institutions et Vision d'un Avenir Multipolaire Pacifique"
quote: "Le 21e siècle sera de plus en plus multipolaire. Pour qu'il reste pacifique, il ne peut pas défaillir au multilatéral."
details:
Pour faire face à l'urgence climatique, Lula propose une réforme institutionnelle majeure : la création d'un Conseil consacré au climat, lié à l'Assemblée Générale de l'ONU. Ce conseil aurait le pouvoir et la légitimité de surveiller les engagements des États et d'apporter de la cohérence à l'action climatique mondiale. Il présente cette initiative comme une étape fondamentale vers une réforme plus large de l'ONU, qui inclurait également l'expansion du Conseil de Sécurité dans ses deux catégories de membres (permanents et non-permanents). Cette proposition vise à donner au défi climatique la centralité et l'urgence qu'il mérite au sein de la gouvernance mondiale.
Lula aborde également la crise de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), constatant que les mesures unilatérales ont rendu des principes fondamentaux comme la clause de la nation la plus favorisée dénués de sens. Ces mesures ont perturbé les chaînes de valeur mondiales et plongé l'économie dans une spirale pernicieuse de prix élevés et de stagnation. Il appelle de manière urgente à une refondation de l'OMC sur des bases modernes et flexibles, essentielle pour rétablir des règles commerciales équitables et prévisibles.
En hommage à deux figures humanistes, l'ancien président uruguayen Pepe Mujica et le Pape François, Lula appelle à ne pas se résigner face à l'autoritarisme, la dégradation environnementale et les inégalités. Il esquisse enfin sa vision pour l'avenir : un monde multipolaire où la confrontation n'est pas une fatalité. Il rejette la réédition des rivalités idéologiques et la logique des sphères d'influence, plaidant pour des leaders qui comprennent que l'ordre international n'est pas un jeu à somme nulle. Le Brésil, en renforçant ses partenariats avec l'UE, l'Union Africaine, les BRICS et le G20, entend amplifier la voix du Sud global. La mission historique de l'ONU, conclut-il, est de redevenir une "barrière de l'espoir" et une promotrice de l'égalité, de la paix, du développement durable, de la diversité et de la tolérance.
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