Comment l’euthanasie est devenue une épidémie au Canada - Amanda Achtman

L'expansion troublante de l'euthanasie au Canada et ses conséquences sociétales

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title: "Introduction à la crise existentielle de l'euthanasie canadienne"

quote: "L'euthanasie n'est pas une proclamation de liberté, c'est une proclamation de défaite"

details:

Amanda Hakman, fondatrice de Dying to Mew, présente l'euthanasie comme un bouleversement culturel majeur dans la façon de vivre et de mourir au Canada. Avec un décès sur 20 désormais attribué à l'aide médicale à mourir (AMM), le pays connaît une transformation profonde de son rapport à la fin de vie. Les données officielles du gouvernement révèlent que la principale motivation des demandes n'est pas la douleur physique mais "la perte de la capacité à participer à des activités de vie jugée significative", indiquant une crise existentielle plutôt que médicale. Cette légalisation en 2016, imposée par les tribunaux sans débat public approfondi, a créé un système où plus de 60 000 personnes sont mortes par euthanasie entre 2016 et 2023, faisant de cette pratique la cinquième cause de décès au pays.

Le cadre initial restrictif - réservé aux personnes dont la mort était "raisonnablement prévisible" - n'a pas résisté à la logique expansionniste inhérente à ce système. Hakman souligne le paradoxe fondamental : pourquoi offrir une mort médicalisée à certains tout en maintenant des programmes de prévention du suicide pour d'autres ? Cette contradiction place les psychiatres dans une position intenable, partagés entre leur devoir de prévention et l'obligation légale d'accepter certaines demandes de mort assistée. Le témoignage de personnes handicapées est particulièrement éloquent : pour beaucoup, l'éligibilité à l'AMM fut la première reconnaissance que l'État leur ait jamais accordée, envoyant le message implicite que leur vie avait moins de valeur.

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title: "La pente glissante de l'élargissement des critères"

quote: "Se voir reconnaître un droit à une mort prématurée, c'est déjà tuer la personne"

details:

L'évolution des critères d'accès à l'AMM illustre parfaitement le phénomène de pente glissante. Le gouvernement canadien a progressivement supprimé les garde-fous initiaux comme le délai de réflexion de 10 jours et la présence de témoins indépendants, créant en 2021 un système à deux voies : l'une pour les maladies en phase terminale, l'autre pour les personnes dont la mort n'est pas raisonnablement prévisible. Cette seconde voie a ouvert l'AMM aux personnes handicapées, suivant une logique implacable : si l'euthanasie est une réponse raisonnable à la souffrance, pourquoi la limiter aux mourants ? Certains défenseurs arguent même que les personnes handicapées souffrent parfois plus durablement que celles en fin de vie.

L'affaire Robert Latimer en Saskatchewan représente un tournant symbolique dans cette évolution. Ce père ayant tué sa fille de 12 ans handicapée fut perçu par certains comme un acte compassionnel, malgré l'incapacité de l'enfant à consentir. Aujourd'hui, des voix autorisées comme le président du Collège des médecins du Québec plaident pour l'extension aux "mineurs matures" présentant "de graves déformations ou anomalies". Parallèlement, l'exigence de consentement pour les personnes démentes a disparu, permettant des demandes anticipées engageant irrévocablement la personne même lorsqu'elle n'est plus capable de confirmer son choix au moment de la mort.

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title: "Témoignages personnels et impact familial"

quote: "Savoir que ton père va mourir dans 7 jours, puis dans 5, puis dans 3, puis dans 15 minutes, c'est bouleversant"

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L'expérience personnelle d'Amanda Hakman avec son grand-père a forgé son engagement contre l'euthanasie. Vivant avec sa famille durant ses études, son grand-père représentait à la fois une relation affective profonde et un partenaire de débats intellectuels. Hakman a réalisé que les personnes comme lui seraient directement concernées par la légalisation de l'AMM, craignant les pressions subtiles que pourraient exercer famille et corps médical pour une fin de vie anticipée. Bien que son grand-père soit mort naturellement juste avant l'entrée en vigueur de la loi, Hakman a observé chez lui des moments de vulnérabilité où la tentation aurait pu surgir.

Le récit de Christopher Lyon illustre tragiquement l'impact sur les familles. Son père, souffrant d'arthrite et de diabète (maladies chroniques non mortelles), fut approuvé pour l'AMM. La famille ne fut avertie que quelques jours avant l'acte, par un appel du praticien annonçant froidement la programmation du décès. Malgré des antécédents dépressifs et suicidaires documentés, l'évaluation psychiatrique finale conclut à l'absence de tendances suicidaires. Lyon décrit l'impossibilité de faire changer d'avis son père, particulièrement choquant que cela se produise le jour de l'anniversaire d'un proche. La scène de la mort elle-même - avec injection de propofol par le médecin - reste traumatisante pour toute la famille.

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title: "La question controversée des troubles psychiatriques"

quote: "Votre pire jour ne devrait jamais être votre dernier jour"

details:

Le projet de loi C7 a marqué une étape cruciale dans l'élargissement de l'AMM aux personnes dont la seule condition sous-jacente est une maladie mentale. Hakman, travaillant alors avec un député, a lancé la campagne "No Same Day Death" pour s'opposer à la suppression du délai de réflexion. La récolte de témoignages a révélé des centaines de récits bouleversants de personnes expliquant que si cette loi avait existé lors de leurs phases suicidaires, elles ne seraient plus en vie aujourd'hui. Ces témoignages transformèrent le bureau parlementaire en "centre de prévention du suicide", selon Hakman.

Bien que l'AMM pour maladie mentale unique ait été reportée à mars 2027, elle existe déjà de facto pour les troubles psychiques s'ajoutant à une autre condition. Une personne en fauteuil roulant dépressive est éligible, contrairement à une personne uniquement dépressive. Cette distinction crée une "classe de citoyens" différentiée, selon les communautés handicapées. Hakman cite l'exemple de Laura de Lano, qui après 14 ans de traitement psychiatrique et plusieurs tentatives de suicide, retrouva le goût de vivre seulement après une réduction médicamenteuse progressive. Son cas illustre combien la perception de la souffrance peut évoluer avec le temps et un accompagnement approprié.

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title: "Dimensions philosophiques et alternatives à l'euthanasie"

quote: "Toute peine peut être supportée si l'on peut la raconter"

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La réflexion philosophique oppose deux visions de la souffrance : celle qui y voit une absurdité à abréger et celle qui y discute une potentialité de croissance et de connection humaine. Victor Frankl et son livre "Découvrir un sens à sa vie" deviennent des références centrales, soulignant que les récits de résilience suscitent une admiration universelle. La souffrance, aussi personnelle soit-elle, fonde la solidarité entre les humains et constitue notre humanité commune, pourvu que nous acceptions d'y répondre par la présence et l'accompagnement.

Le psychiatre canadien Harvé Schoshinov a développé une "thérapie de la dignité" (Final Words for Final Days) visant précisément à faire émerger du sens en fin de vie. Cette approche, où le thérapeute demande "Qu'as-tu à m'enseigner ?", contraste radicalement avec la logique de l'AMM. Hakman souligne que l'abandon des personnes dans leur souffrance crée inévitablement la crise, tandis que la présence attentive permet souvent de trouver la force de supporter l'épreuve. L'euthanasie représente ainsi une "déclaration de défaite" collective plutôt qu'un acte de liberté individuelle.

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title: "Impact intergénérationnel et message social"