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Transformation des Marines américains face à la menace chinoise

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title: "Réforme stratégique et naissance des régiments littoraux"

quote: "Le USMC a annoncé l'initiative Force Design 2030 comme partie intégrante de cette réforme. Les régiments littoraux de Marines seront les premiers à sauter dans la bataille."

details:

La transformation du Corps des Marines américains (USMC) répond à la nécessité de s'adapter à une éventuelle confrontation avec la Chine, marquant un changement paradigmatique par rapport à sa doctrine traditionnelle de force expéditionnaire offensive. Traditionnellement spécialisé dans les assauts amphibies frontaux, l'USMC doit désormais évoluer vers une force plus agile et dispersée, capable d'opérer dans des environnements contestés. L'initiative Force Design 2030, annoncée dans le cadre de la National Defense Strategy de 2018, constitue le cadre de cette métamorphose profonde. Elle prévoit notamment le retrait des bataillons de chars et une réduction drastique de l'artillerie lourde, au profit d'unités plus légères et mobiles.

Le cœur de cette réforme réside dans la création des Marine Littoral Regiments (MLR), conçus comme des unités de première intervention pour les conflits de haute intensité dans la zone Indo-Pacifique. Leur mission est double : d'une part, pénétrer rapidement dans des zones disputées pour établir une présence avancée et, d'autre part, défendre des îles éloignées en utilisant une combinaison de feux de précision, de mobilité et de vitesse afin de ralentir les avancées ennemies. Le professeur Benjamin Jensen les décrit comme des « unités de cavalerie littorale du 21e siècle », une analogie qui souligne à la fois leur mobilité et le risque potentiel qu'elles soient isolées et anéanties si elles ne sont pas correctement soutenues, un danger évoqué par la référence historique à la bataille de Little Bighorn.

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timestamp: "00:04"

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title: "Structure et armement des régiments littoraux"

quote: "Chaque régiment marin littoral est composé de 2 500 personnels répartis au sein d'une équipe de combat littoral, d'un bataillon anti-aérien et d'un bataillon logistique."

details:

La structure organisationnelle d'un MLR diffère fondamentalement de celle d'un régiment d'infanterie marine classique. Avec un effectif réduit à environ 2 500 personnes (contre 3 400 auparavant), il est articulé autour de trois éléments clés : un Littoral Combat Team (LCT), un bataillon de défense aérienne et un bataillon logistique. Le LCT lui-même n'est composé que de trois compagnies de fusiliers-marins, une réduction significative de la puissance d'infanterie organique qui reflète la priorité accordée à la puissance de feu à distance par rapport au combat rapproché. Cette structure allégée est optimisée pour la dispersion, la furtivité et la rapidité de déploiement.

La puissance de frappe principale du MLR provient de sa batterie de missiles à moyenne portée, équipée initialement du système HIMARS. Cependant, les performances décevantes de ce dernier lors de l'exercice Balikatan 23, où il a manqué six tirs contre une cible statique à seulement 20 km, ont conduit à son complément, voire son remplacement, par le système NEMESIS (Navy Marine Expeditionary Ship Interdiction System). Il s'agit de missiles navals NSM (Naval Strike Missile) montés sur des véhicules légers JLTV. Chaque batterie dispose de 18 lanceurs NEMESIS, offrant une capacité de frappe anti-navire considérable avec une portée de 250 km, permettant de contrôler des détroits stratégiques comme celui de Luçon.

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timestamp: "00:07"

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title: "Défense aérienne et renseignement intégré"

quote: "Le troisième régiment marin littoral dispose également d'un bataillon entier chargé d'assurer la défense aérienne, la surveillance aérienne et l'alerte précoce."

details:

Conscient de sa vulnérabilité aux attaques aériennes, le MLR intègre un bataillon de défense aérienne sophistiqué. Ce bataillon déploie le système MADIS (Marine Air Defense Integrated System), monté sur JLTV et existant en deux variantes complémentaires. La version Mk1 est armée de missiles Stinger et d'un canon de 30 mm, tandis que la Mk2 est optimisée pour la lutte anti-drones et intègre un radar RPS-62 ainsi que des fonctions de commandement et contrôle (C2) pour la section. Ce système offre une protection rapprochée contre les menaces aériennes variées.

Pour compléter cette défense, le MLR sera équipé de batteries de missiles MRC (Medium-Range Intercept Capability), fruit d'une collaboration entre technologies américaines et israéliennes. Il s'agit d'une version produite sous licence du système israélien Iron Dome (missile Tamir). Avec une portée de 70 km, le MRC comble une lacune cruciale dans le réseau de défense aérienne du régiment en offrant une capacité d'interception contre les missiles de croisière, les drones et les roquettes, bien qu'il ne soit pas capable d'intercepter des missiles balistiques comme le peut le système Patriot. La surveillance et l'alerte précoce sont assurées par des radars AN/TPS-80, qui alimentent en données le réseau plus large d'Indo-Paccom, améliorant la conscience situationnelle de toutes les unités alliées dans le théâtre d'opérations.

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timestamp: "00:10"

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title: "Mission et déploiement en temps de paix"

quote: "La couche Contact se concentre sur les opérations dans la zone grise en temps de paix pour préparer le terrain en cas de conflit armé et dissuader toute agression armée."

details:

La doctrine Force Design 2030 organise les opérations mondiales de l'USMC en quatre couches : Contact, Blunt, Surge et Homeland. Les MLR sont principalement conçus pour opérer dans les deux premières. La couche « Contact » correspond à des opérations en temps de paix dans la « zone grise », en deçà du conflit armé déclaré. Son objectif est de mener des reconnaissances, d'établir des relations avec des partenaires et de dissuader une agression en démontrant une présence et une connaissance du terrain. Le 3e MLR s'est déjà activement engagé dans cette phase, effectuant au moins cinq déploiements aux Philippines pour y mener des reconnaissances physiques détaillées des îles au sud de Taïwan.

Les activités menées durant ces déploiements illustrent parfaitement la mission de la couche Contact. Les Marines du 3e MLR ont cartographié des sites potentiels de débarquement amphibie et aérien, étudié la capacité des infrastructures portuaires et de transport, et identifié les sources locales d'eau et de nourriture. Des exercices comme Balikatan ont servi de banc d'essai pour ces opérations, avec des compagnies d'infanterie répétant des saisies d'aérodromes et de terrains insulaires. Ces actions visent à préparer le terrain pour que, en cas de conflit, les MLR puissent se déployer et opérer avec une efficacité maximale sur des terrains qu'ils connaissent déjà.

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timestamp: "00:13"

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title: "Stratégie insulaire et verrouillage des détroits"

quote: "En s'emparant d'îles clés et en déployant des bulles de déni d'accès, ces régiments maritimes littoraux devraient pouvoir perturber les mouvements de l'APL au sud de Taïwan."

details:

La stratégie opérationnelle des MLR repose sur le contrôle d'un chapelet d'îles stratégiques qui forment une barrière naturelle au sud de Taïwan, notamment l'archipel des Batanes et les îles Babuyan aux Philippines, ainsi que les îles vertes et Orchid appartenant à Taïwan. En se déployant sur ces positions avancées, les MLR visent à établir des « bulles de déni d'accès et de zone » (A2/AD). Leurs missiles NSM, d'une portée de 250 km, pourraient ainsi verrouiller le détroit de Luçon, empêchant la marine chinoise (PLAN) d'encercler Taïwan par le sud et de manœuvrer librement. Cela protégerait les arrières et les flancs de Taïwan, un objectif stratégique vital.

La mobilité et la dispersion sont présentées comme les clés de la survie des MLR sur ces îles souvent minuscules (comme Mavudis, qui fait moins d'1 km²). Leurs déplacements constants, comme le démontre un itinéraire de 500 km parcouru en seulement quatre jours lors d'un exercice, sont conçus pour éviter la détection et la destruction. Leur rôle n'est pas de livrer des batailles d'infanterie prolongées, mais d'agir comme des capteurs et des déclencheurs de feux à longue portée. Ils doivent coordonner la défense aérienne et anti-missile, renforcer la connaissance du domaine maritime et soutenir les frappes navales, le tout en restant insaisissables.

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timestamp: "00:16"

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title: "Vulnérabilités et risques opérationnels majeurs"